L'Elfe au dragon 05 L'effroyable bataille by Ténor Arthur

Auteur:Ténor,Arthur [Ténor,Arthur]
La langue: eng
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Seuil
Publié: 2015-10-08T05:36:09+00:00

Les elfes Sentinelles, Klèspidès, ainsi que leur alliée Oraclidès, furent introduits dans un vaste bureau, qu’on leur annonça être celui de Kher Idiaz, Primat des Sorciers. Kendhil éprouvait un malaise confinant à la nausée depuis qu’il avait remis les pieds dans la cité de Khorfeu. Les souvenirs de son précédent séjour dans la capitale du comté des Mondes Glauques étaient encore terriblement prégnants(16). Aussi laissa-t-il ses amis mener l’entretien que leur accordait le grand maître de la ghilde. Il s’agissait, avait annoncé celui-ci, de préparer une comparution qui risquait de se révéler délicate à bien des égards, devant le Consistoire, l’équivalent du Chapitre chez les Magiciens.

L’homme s’était installé derrière son monumental bureau de bois brun, sculpté à outrance de figures plus ou moins ésotériques. Il semblait que par cette surabondance baroque – qu’on retrouvait partout dans la pièce ainsi qu’à travers le château –, la ghilde avait besoin de se rassurer sur sa puissance. Après une longue immobilité, Kher Idiaz s’anima, telle une statue d’ivoire qui soudain prend vie. Errindha venait de terminer un récit précis mais succinct de leurs mésaventures, qui avait visiblement plongé le grand maître dans une profonde perplexité.

« Je savais, par l’honorable Oraclidès, que vous étiez dans une situation de grand péril, mais j’étais loin d’imaginer à quel point », déclara-t-il.

Il croisa ses fines mains blanches sous son menton. Comme tous les Sorciers de son rang, il était totalement imberbe et chauve, à l’exact opposé des Magiciens. Ses yeux sombres étaient d’un violet tirant sur le noir, au point qu’on pouvait douter qu’il fût né avec de tels iris. Kendhil se souvint alors de ce que Mézandion lui avait dit à son propos : « Un personnage étrange, dont on se demande ce qu’il lui reste d’humain. » Et en effet, ce regard était habité par la nuit. Ce pouvait être autant celui d’un homme que d’une bête ou même d’un spectre… à moins qu’il ne fut les trois à la fois. Il était vêtu de la chasuble conventionnelle de sa ghilde, violet et noir, et coiffé d’une toque ronde pareillement bicolore, ornée d’un médaillon représentant un squelette humain chevauchant, l’épée brandie, une monture au galop pouvant être autant un loup qu’un cheval équipé d’une robuste dentition de prédateur.

Kendhil remarqua qu’il fixait principalement Errindha ou Klèspidès, lui plus brièvement, et jamais l’avatar de Fixina. Il la craignait et cela rassura les Sentinelles. Tant que l’Oraclidès serait avec eux, le Primat ne pourrait dissimuler ses pensées secrètes. Pour un grand maître de l’Occulte, c’était une situation particulièrement dérangeante.

« Ce qui me soucie dans votre histoire, reprit-il comme réfléchissant à voix haute, c’est que l’ordre des Magiciens se soit à ce point impliqué dans votre traque. Mandater un exécuteur de justice est une chose, envoyer un corps expéditionnaire, prêt à se faire massacrer jusqu’au dernier homme, en est une autre. Comment ces maudits charlatans vont-ils réagir ?

— Se pourrait-il qu’ils ordonnent à des assassins de me pourchasser jusqu’au cœur de votre pays ? interrogea l’elfon.

— Holà ! Une déclaration de guerre ! Voyons, restons dans le champ des possibles.

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